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Attaque au hachoir visant « Charlie Hebdo » : un procès requis pour l’assaillant, qui ne se voit pas comme un « terroriste »

Le procès de l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo s’était ouvert depuis trois semaines, ce 25 septembre 2020, quand un jeune Pakistanais a violemment attaqué à coups de hachoir un jeune homme et une jeune femme qui fumaient une cigarette sur un trottoir de Paris. L’adresse – le 6, rue Nicolas Appert, dans le 11e arrondissement – laissait peu de place au doute : il s’agissait des anciens locaux de l’hebdomadaire satirique. Après avoir grièvement blessé ses deux victimes au visage et à la tête, l’assaillant avait été interpellé une heure plus tard, couvert de sang.
Au terme de l’instruction, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a demandé, mercredi 6 mars, un procès pour tentatives d’assassinats terroristes contre ce dernier, Zaheer Mahmoud, un Pakistanais de 29 ans. Dans ses réquisitions, dont Le Monde a pris connaissance, le ministère public demande également que cinq de ses amis, âgés de 17 à 21 ans au moment des faits, tous nés au Pakistan et arrivés en France entre 2018 et 2019, soient jugés à ses côtés devant la Cour d’assises des mineurs spéciale pour association de malfaiteurs terroriste.
Ce dossier terroriste se singularise dans la longue litanie des attentats ayant frappé la France. Zaheer Mahmoud refuse en effet d’être considéré comme un terroriste, et il n’a répondu à aucun appel émanant d’un groupe djihadiste. Sa motivation, dit-il, était purement religieuse. Imprégné par les prêches d’un responsable politique pakistanais, il dit avoir voulu venger les caricatures du prophète, comme on l’aurait fait dans son pays, où le blasphème est un « très grand crime », précise-t-il. Une sorte de terrorisme culturel importé.
Cet attentat trouve sa genèse un mois plus tôt, le 1er septembre 2020, à la veille de l’ouverture du procès de l’attentat contre Charlie Hebdo. L’hebdomadaire décide pour l’occasion de republier les caricatures de Mahomet accompagnées d’un édito : « La haine qui nous a frappés est toujours là, et depuis 2015 elle a pris le temps de muer (…) pour passer inaperçue et poursuivre sans bruit sa croisade impitoyable. Nous ne nous coucherons jamais ».
Cette republication déclenche aussitôt une campagne de haine sur les réseaux sociaux, qui dépasse rapidement le cadre francophone pour s’étendre au Pakistan, au Maghreb, à l’Inde ou encore à l’Angleterre. En Turquie et au Pakistan, les condamnations proviennent du plus haut niveau de l’Etat. Le ministre des affaires étrangères pakistanais appelle ainsi à la télévision à traduire les « responsables de cet acte méprisable » devant un tribunal.
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